Gueules de bois
Gueules de bois
La Mazel Galerie consacre une troisième exposition personnelle au sculpteur français Quentin Garel.
Habitués à côtoyer ou à voir quasi quotidiennement des animaux sous une forme ou une autre nous nʼy prêtons cependant pas suffisamment attention pour pouvoir prétendre les connaître réellement.
Quʼil soit le reflet de la vie ou quʼil soit mort, les chairs déjà amollies, quʼil ne subsiste quʼun crâne, quʼil soit anatomiquement «juste» ou volontairement déformé, Quentin Garel nous présente «lʼanimal» sous les aspects les plus divers pour nous interpeller et nous dire : «regardez ce que vous ne savez pas ou plus vraiment voir». Dans une approche qui nʼest résolument pas «naturaliste», son désir nʼest pas de le rendre plus beau, de le magnifier ou de le déifier mais de nous le faire découvrir de manière à modifier notre perception afin de provoquer une attirance qui ne soit plus seulement faites de curiosité mais aussi dʼune forme de proximité.
Presque toujours présentés comme des «massacres» ou des «trophées» il utilise des effets dʼéchelle ou le simple fait de ne pas représenter les animaux en entier comme si les images avaient été «téléchargées» de haut en bas et que la connexion avait été brutalement interrompue. Sa manière si personnelle de «cadrer» son sujet perturbe notre perception habituelle, voir routinière, dʼappréhender la sculpture et nous pousse plus volontiers vers lʼobjet nous amenant à faire appel à notre sens tactile faisant ployer la suprématie du visuel. Lʼoeuvre sculptée devient alors plus que le plaisir de lʼoeil pour basculer dans celui plus sensuel du touché.
Taillant volontiers directement le bois il moule ses sculptures reproduisant la matière originelle. Ce nʼest plus la chaleur du bois qui nous attend mais la froideur du bronze qui nous surprend.
Courbes et matières attirent la main tout autant que le simple rapport à lʼanimal, à ce quelque chose qui nous est proche et souvent impossible à appréhender.